« LE TOUR, C’EST LA FRANCE RASSEMBLÉE »
Affable, il promène aujourd’hui sa haute silhouette aux quatre coins de l’Hexagone. Image incontournable de la Grande Boucle, il est partout, suit chaque étape, toujours disponible pour un sourire, une poignée de main ou pour une décision définitive en tant que patron du Tour. Les mots qui le caractérisent le mieux sont sans doute force de conviction, respect de l’autre et diplomatie. Le Tour, c’est sa passion de toujours. Celle qui dans un même mouvement l’unit à son père - qui l’emmenait enfant sur les routes pour lui faire reconnaître et admirer ces coureurs infatigables - et à sa référence tutélaire, Jean-Marie Leblanc, qui l’a choisi pour lui succéder. Amoureux du cyclisme depuis 1968, il a 7 ans lorsqu’il assiste à l’arrivée de Jan Janssen qui gagne la Grande Boucle cette année-là de 38 secondes. La flamme ne l’a depuis plus quitté.
Reconnaître les étapes, préparer les départs, les arrivées, assurer les parcours, sécuriser les routes, faire vibrer le public, lui offrir un beau spectacle, voilà ce qu’ont à cœur tous ceux qui opèrent pour faire de la Grande Boucle ce parcours mythique connu dans le monde entier. « Le Tour c’est un défi technique, sportif, humain qui n’a d’autre loi que la force de l’équipe. Ce sont des images dingues, des rencontres incroyables, des défis qui semblent insurmontables et qui, pour le Tour, sont surmontées », précise-t-il. Il insiste en soulignant que la Grande Boucle est locataire des territoires. Car si les autres sports ont un terrain, un stade, une salle, lui n’existe qu’au travers des régions, des départements
et des municipalités. « Sans les élus de proximité et tous les bénévoles, les défis à relever tout au long des routes seraient impossibles ». Celui qui a un des carnets d’adresses les plus enviés de l’Hexagone, connaît tout le monde et va à la rencontre de tout le monde, vous dira que le Tour, c’est « la France rassemblée ».
Être directeur de course, c’est avoir l’angoisse permanente de l’imprévu, la qualité de la décision immédiate et de l’anticipation, sans oublier une bonne connaissance des cartes et des aléas de la météo ! Mais un des secrets du Tour, « c’est le parcours ! ». Chaque année renouvelé, toujours un peu pareil et complétement différent, c’est un savant mélange de difficultés, de paysages traversés, de défis sportifs, d’inédits et d’incontournables. Pour un coureur, gagner le Tour de France « c’est gagner un statut ». Car le cyclisme est un sport de grande classe, emprunt d’humilité et de proximité. Un sport éminemment populaire, dans lequel il faut se surpasser. « Le champion cycliste court par tous les temps. Il tombe. Il se relève. Les gens respectent ceux qui se lancent ce défi. »
La bicyclette est intemporelle. Elle a traversé les âges et reste plus que jamais au centre de l’attention, prête pour un nouvel avenir. Et c’est aussi cela qui motive Christian Prudhomme : accompagner l’évolution du vélo, aider à faire éclore de jeunes coureurs français, conserver l’âme vive du cyclisme, promouvoir la petite reine et faire briller ses lettres de noblesse qu’elle n’a jamais perdues. Et puis et surtout rendre les gens heureux !
Christophe Ragué