Portrait | JBC

ENRICHIR L’ENVIRONNEMENT URBAIN, UN MÉTIER, UNE PASSION ! 

Publié le 27 April 2023

Après avoir réalisé la fresque végétale du souterrain de l’avenue du Maréchal Foch, l’artiste peintre, muraliste JBC a de nouveau posé ses pinceaux à Chatou. Inspirées du patrimoine catovien, ses prochaines œuvres vont rendre hommage à l’arrivée de la ligne de chemin de fer à la fin du 19e siècle ou librement interpréter des affiches art déco du peintre Maurice Réalier Dumas. Sans doute l’avez-vous vu ces dernières semaines en pleine création dans les passages souterrains de la gare RER et du square éponyme. 

Chemins de traverses

Jean-Baptiste Colin – alias JBC – a développé très tôt un goût et une aptitude au dessin. Mais, au départ, son parcours est celui d’un fils de prof un peu nomade qui déménage souvent et pense qu’il n’y avait pas de salut hors d’études sérieuses. « Nous avons vécu en province et à l'étranger, souvent dans des pays hispaniques ou tropicaux » précise-t-il. C’est donc loin du monde artistique, qu’il suit une route qui semble tracée. Ce sera Droit, puis Sciences Po. pour son côté pluridisciplinaire, puis un diplôme de l’Institut des Hautes Études de l’Amérique Latine.

C'est au moment d'entrer dans la vie active qu'il réalise pourtant que l’art sera le plus fort. Il devient infographiste – ce qui lui donne des aptitudes techniques utiles à sa démarche – tout en explorant en parallèle différents domaines artistiques. « Au début, j’ai avancé en marchant. Je savais que je voulais travailler dans l’art, mais sans savoir quelle forme exacte cela prendrait. » Au fil du temps, il développe de nombreuses techniques : de l’esquisse à la main, au quadrillage, en passant par le pochoir. Mais il faudra attendre 2008 pour que ses premiers collages apparaissent dans les rues. Collages ou peintures sur tous supports, un univers onirique et symbolique est sa marque de fabrique. Il mêle l’art baroque latino-américain, le réalisme soviétique, le culte des icônes, le paganisme sous toutes ses formes. Au travers de son travail, il met l’Homme face à ses contradictions et à sa manière de concevoir le monde.

« Mon métier est ma passion »

Rencontrer JBC, c’est plonger dans l’histoire de la peinture d’extérieur, faire remonter l’art de la fresque aux romains, en passant par le graffiti, puis le street art qui vise « à améliorer l’environnement urbain ». JBC pose un regard sans concession sur la société. D’ailleurs ce qui l’intéresse c’est l’interaction avec le public. « Travailler cette expression de rue qui interpelle le public… c’est vouloir s’adresser au plus grand nombre sans l’intermédiation des institutions de l’Art. » Pour lui, la rue est un vaste terrain de jeu où chacun doit pouvoir exprimer ses opinions par tout moyen. « Le street art est aussi l'expression d'un véritable devoir citoyen » souligne-t-il. Il a ainsi conscience de s’inscrire dans un mouvement qui écrit l’histoire. « Si on manque encore de recul pour savoir combien de temps durera l’art urbain en tant que mouvement artistique, lorsqu’il s’arrêtera – comme tous les courants artistiques – on pourra alors analyser quel a été son impact sur l’histoire de l’art en général. » JBC relie des sentiments à des formes artistiques, à l’humain, à des couleurs issues de l’accumulation de ses voyages. Son moteur artistique : les rencontres ! Elles créent comme un substrat dans son cerveau. « C’est une accumulation d’eau, comme une source qui à un moment sort quelque part. »

Christophe Ragué