Mystifications et impostures

Non le vélo ne date pas de l’antiquité ! Oubliez les élucubrations de ceux qui voient des vélos partout : les hiéroglyphes de Louqsor, les fresques de Pompeï, le vitrail de l’église de Stoke Poges... Léonard de Vinci n’en a pas davantage eu l’idée en 1493 comme pourrait le laisser croire une esquisse trouvée en 1960 entre deux feuillets collés du "Codex Atlanticus", il ne s’agit selon toute vraisemblance que de "l’œuvre", assortie de graffitis obscènes, d’un restaurateur facétieux à la fin du 19e siècle. 

Publié le 2 juillet 2021

Le mythe du "célérifère" 

Histoire générale de la vélocipédie,  célérifère - 1891
Histoire générale de la vélocipédie, célérifère - 1891
Encore plus tenace, la "Fake news" publiée il y a 130 ans et qui continue à se propager de nos jours sur Internet, dans des ouvrages pseudo-historiques et, pire, dans certains manuels scolaires ! Elle provient de la célèbre "Histoire Générale de la Vélocipédie" 1 publiée en 1891 par un journaliste de renom, grand vulgarisateur scientifique, Louis Baudry de Saunier. Il y narre avec une profusion de détails empreints de réalisme "L’enfance de la vélocipédie" : "en 1790 M. de Sivrac imagina de réunir par une poutre à la suite l’une de l’autre deux roues en bois, et de s’asseoir sur la poutre", machine dépourvue de direction baptisée "célérifère" * ou parfois "vélocifère". Elle n’a jamais existé. 

* Le célérifère était en réalité une voiture à chevaux crée en 1817 par un certain … Jean-Henri Sievrac !

   

Célérifère
Célérifère
Du fait de la notoriété de son auteur, ce premier livre entièrement dédié à l’histoire du cycle constituera pendant des décennies la référence. Des faussaires se chargeront de créer physiquement la machine ce qui continue aujourd’hui encore à perpétuer le mythe. Louis Baudry de Saunier est-il l’auteur de cette imposture ou s’est-il contenté de la colporter voire de l’enjoliver ? Il faut juste se souvenir que son livre a été écrit au sortir de la guerre de 1870 contre les Prussiens, il devait être alors difficile aux Français d’admettre que le précurseur fut un Allemand (voir la suite), l’antériorité du célérifère permettait de le ravaler au simple rang d’inventeur du guidon.